La Préhistoire

La Préhistoire à Guissény

Les découvertes archéologiques montrent que Guissény a connu un peuplement continu, remontant aux lointaines origines de la Préhistoire, du Paléolithique Supérieur, en passant par le Néolithique et l’âge des Métaux.

-  Le paléolithique (dans la baie de Tréssény) : Les plus vieux habitats connus sont des petits campements aménagés en bordure de côte, dans des abris naturels creusés par l’érosion dans les falaises. L’outillage comprend les premiers bifaces, outils soigneusement retouchés sur les deux côtés. Ces campements « acheuléens » peuvent remonter vers 300.000 av.J.C.

Le gisement de Tréissény est daté vers 80.000 ans. Les hommes de Tréissény ont installé leur campement sur le sable de la plage déjà abandonnée par le fait de la régression marine, profitant de l’abri relatif procuré par les blocs granitiques (les « Barrachou »). C’est une simple halte de chasse.

La grotte du Dibennou a été explorée en 1879 par le docteur Marion : « cette grotte contenait des cendres, une hache de pierre polie, des os incomplètement brûlés et deux mâchoires inférieures avec des vertèbres, des ossements humains et de mamifères ». On y trouva aussi une poterie brune et une broche en porphyre.

-  Le néolithique (sur le site du Curnic) : C’est l’époque des mégalithes : menhirs, alignements, dolmens, tumulus, cairns, allées couvertes. Or il n’existe pas de mégalithes sur le territoire de la commune, contrairement aux communes voisines : "ont-ils été détruits ? Subsistent-ils couchés parmi les roches parsemant les landes ou enfouis sous la terre ? ".

Les habitats du néolithique sont rares mais on a trouvé quelques traces de trous de poteaux de maisons en bois sur le site du Curnic. Cet habitat se trouve sur la plage au niveau moyen des marées, ne se découvrant qu’à marée basse, installé sur un sol d’argile fine recouverte par une tourbière. Des juxtapositions plus ou moins régulières de pierres brûlées constituent les vestiges de foyers où des charbons de bois ont été recueillis (datés d’environ 4.800). On a trouvé aussi des haches polies, des pointes de flèches, de la poterie du 4e millénaire.

Une allée couverte existe sur la rive kerlouanaise de la baie de Tréissény, au Lerret. D’une longueur totale de 15 mètres, elle se trouve sur la plage, en partie dans le lit du Quillimadec et recouverte par les marées.

  • La protohistoire (âge des métaux) :

. L’âge du bronze : 3 tumulus ont été explorés à Kergoniou en 1881 et d’autres ont été trouvés à Kériber, Keriouguel, Kerilis, Kervezel et Ranhir. Ensuite, ces tumulus ont été remplacés par des incinérations en urnes, regroupées en cimetières. C’est en bordure des côtes que les restes d’habitats sont les plus nombreux. La fabrication du sel marin apparaît à cette époque : le gisement côtier du Curnic en a fourni des traces.

. L’âge du fer : cette période voit apparaître la construction de camps retranchés sur les collines et l’installation d’habitats de refuge sur des pitons rocheux. Les plus vieux souterrains remontent aussi à cette époque, comme celui de Kériouguel ou celui de Ranhir. Sur la plage de La Croix a été retrouvé un petit cimetière gaulois avec urne cinéraire (La Tène, vers 500 av.J.C.).

C’est aussi l’époque des stèles : Ranhir, Lavengat, Saint-Gildas, Kériber (voir l’article dans la rubrique patrimoine)

Le site de Toullouarn montre l’existence d’un village assez important de l’âge du fer. La carrière a décapé à flanc de coteau des fossés à section triangulaire profonds, parallèles aux courbes de niveau, sur une assez grand surface. Des fosses, des pierres utilisées, meules et molettes, foyers avec charbon de bois, tessons de poterie… témoignent des activités domestiques. Certains enclos sont associés à des chambres souterraines, annexes de la maison d’habitation.

Les origines préhistoriques.

Les origines préhistoriques

Les découvertes archéologiques montrent que Guissény a connu un peuplement continu, remontant aux lointaines origines de la Préhistoire.

Le Paléolithique

les plus vieux habitats connus sont des petits campements aménagés en bordure de côte, dans des abris naturels creusés par l’érosion dans les falaises.

L’outillage comprend les premier bifaces, outils soigneusement retouchés sur les deux côtés. Ces campements « acheuléens » peuvent remonter à 300.000 avant J.C.

La baie de Tressény, qui forme l’estuaire du Quillimadec, a fourni sur ses deux rives plusieurs sites préhistoriques, pouvant remonter à 80.000 ans av.J.C. Du côté de Guissény, on peut citer :

  • la plage de la Croix,
  • les Barrachous,
  • la grotte du Dibennou (sous le corps de garde)
  • le port du Curnnic.

Le Néolithique et l’âge des métaux

le site le plus important est celui du Curnic où ont été retrouvés, dans la tourbière, des trous de poteaux d’habitation, restes d’un village néolithique (4.000 à 2.500 av.J.C.) et des restes d’une industrie du sel datant de l’âge du bronze (800 à 500 av.J.C.)

La commune n’a pas conservé ses mégalithes, ni menhir, ni dolmen ; une allée couverte en partie immergée se trouve dans la baie, du côté de Kerlouan, en partie immergée dans le lit de la rivière.

En revanche, des tumulus ont été découverts, notamment à :

  • Kergoniou
  • Keriber.

Quelques stèles de l’âge du fer existent également à Ranhir :

  • Saint-Gildas
  • Lavengat.

Guissény, d’hier à aujourd’hui

Les grandes dates de l’histoire

Les grandes périodes de l’histoire de Guissény

Les origines préhistoriques.

Les découvertes archéologiques montrent que Guissény a connu un peuplement continu, remontant aux lointaines origines de la Préhistoire. Le Paléolithique : les plus vieux habitats connus sont des petits campements aménagés en bordure de côte, dans des abris naturels creusés par l’érosion dans les falaises. L’outillage comprend les premier bifaces, outils soigneusement retouchés sur les deux côtés. Ces campements « acheuléens » peuvent remonter à 300.000 avant J.C. La baie de Tressény, qui forme l’estuaire du Quillimadec, a fourni sur ses deux rives plusieurs sites préhistoriques, pouvant remonter à 80.000 ans av.J.C. Du côté de Guissény, on peut citer : la plage de la Croix, les Barrachous, la grotte du Dibennou (sous le corps de garde) et le port du Curnnic.

Le Néolithique et l’âge des métaux : le site le plus important est celui du Curnic où ont été retrouvés, dans la tourbière, des trous de poteaux d’habitation, restes d’un village néolithique (4.000 à 2.500 av.J.C.) et des restes d’une industrie du sel datant de l’âge du bronze (800 à 500 av.J.C.) La commune n’a pas conservé ses mégalithes, ni menhir, ni dolmen ; une allée couverte en partie immergée se trouve dans la baie, du côté de Kerlouan, en partie immergée dans le lit de la rivière. En revanche, des tumulus ont été découverts, notamment à Kergoniou et à Keriber. Quelques stèles de l’âge du fer existent également à Ranhir, Saint-Gildas et Lavengat.

***********************************************

L’antiquité romaine.

L’occupation romaine a également laissé des traces à Guissény : un vivier gallo-romain a été mis au jour dans la dune du Curnic en 1967 ; il fonctionna jusqu’aux environs de 300 ans après J.C. La grande villa de Keradennec (du IIè au IVè siècle ap.J.C.), située à proximité de la voie romaine allant de Vorganium (Kerilien) à Plouguerneau, se trouve désormais sur la commune de Saint-Frégant.

La fin de l’occupation romaine fut marquée par les premières invasions des pirates sur les côtes d’Armorique. La vie de saint Guénolé en raconte un épisode concernant son père Fragan qui repoussa une flotte de « pirates » en 388 : la flotte avait été repérée depuis les hauteurs de Coras-Mil-Horn en Guissény.

*************************************************

Saint Sezny et la création de la paroisse.

Saint Sezny, moine irlandais, aurait débarqué dans l’estuaire du Quillimadec en 477 avec son compagnon saint Brévalaire et 70 disciples. Il s’installa d’abord au Lerret (Peniti san Sezni), du côté de Kerlouan, avant de passer sur l’autre rive à kerbrézant, puis sur le site de son église actuelle. Il y aurait bâti un monastère en un lieu qu’il dénomme Guic-Sezny et vécu en grande sainteté avec ses disciples jusqu’à l’âge de 127 ans. Après sa mort, des Irlandais vinrent enlever son corps pour le ramener dans son évêché d’origine. Les cloches se mirent à sonner toutes seules pour alerter les Guisséniens qui ne purent récupérer qu’un bras du saint. Celui-ci est conservé dans un reliquaire datant du XVIIIe siècle, l’authenticité de la relique étant certifiée par un parchemin.

La paroisse, fondée par saint Sezny, venu d’Irlande au Ve siècle, est nommée, dans les anciens textes, « Plou-sezny » ou « Guic-sezny », la première appellation désignant toute l’étendue de la paroisse et la deuxième concernant plus directement le bourg : Plebs Sidni (1207), Ploe Sizni (1330), Plebs Sezni (1334), Ploeseny (1467), Plouzesny (15334), Guic-Sezni (1636)… Les seigneurs barons de Kériber se considéraient comme les fondateurs de la paroisse : un acte de 1670 parle d’une fondation faite par Salomon de Kériber « qui mourut en 1493, 1041 ans après la fondation de l’église paroissiale de Guissény ». Au XVIIe siècle, on faisait donc remonter la fondation de l’église en 452 alors que « La vie de saint Sezny » d’Albert Le Grand situe l’arrivée du saint dans l’estuaire du Quillimadec en 477. Les seigneurs barons de Penmarc’h protestaient contre la prétention des seigneurs de Kériber de se dire fondateurs de l’église et affirmaient de leur côté que cette qualité appartenait en fait à la maison de Penmarc’h. Les cloches de l’église paroissiale sonnent orientées Nord-Sud et non pas Est-Ouest comme ailleurs : cette orientation leur permettait de se faire entendre de Kériber et de Penmarc’h, comme le veut une tradition locale !

***********************************

Le Moyen Age.

La paroisse de Guissény faisait partie de l’archidiaconé de Kemenet-Ily relevant de l’évêché de Léon et était sous le vocable de saint Sezni. Elle avait comme trève Saint-Frégant. La carrière de Toullouarn a fourni les traces d’un village gaulois d’assez grande dimension, entouré d’un fossé, pouvant remonter à l’âge du fer. Le site de Kermaro se trouve dans une légère dépression du plateau, sur le haut de falaise morte qui domine la baie du Curnic. Il a conservé les restes d’une construction constituée de grosses pierres alignées ; elle est limitée à l’Est par un talus bordé d’un fossé intérieur et, dans sa partie sud, par un muret ancien. Il s’agit des vestiges d’un habitat du Haut Moyen Age, pouvant se situer entre le VIe et le IXe siècles. Ce site a continué à être habité dans les siècles suivants.

La motte castrale de Castel-al-Lez s’élève un peu en retrait et au sommet du versant qui domine la Palud du Curnic, à l’extrémité ouest de Guissény, en limite de Plouguerneau. Elle mesure 64 à 74 mètres de diamètre à la base et est entourée d’un fossé large de 6 à 8 mètres. D’une hauteur de 6 à 7 mètres au-dessus du fond du fossé, elle dominait la baie du Vougot et l’entrée de la baie du Quillimadec, et permettait de surveiller la mer et de repérer l’arrivée d’éventuelle flottes d’envahisseurs, comme les Normands.

****************************************

L’époque moderne.

Les manoirs sont nombreux : on en trouvait dans pratiquement tous les villages. Il est encore possible d’y voir d’anciennes « maisons manales » qui se distinguent des autres constructions par des portes sculptées, des fenêtres à meneaux, des escaliers circulaire en pierre… (comme à Kerespern, Kerléac’h,…). Les armoiries des familles nobles principales se retrouvent dans le blason de Guissény : Poulpry de Lavengat, Kerven de Kersulec, Penmarc’h et Kériber. Ces deux derniers seigneurs avaient le titre de Baron ; le château de Penmarc’h se trouve désormais dans la commune de Saint-Frégant qui était à l’époque une trève de la paroisse de Guissény.

La famille de Poulpry a fourni des Sénéchaux à la ville de Lesneven. La famille de Kerven était propriétaire de plusieurs manoirs à Guissény : Kersulec, Kervelléré, Kerespern, Terrohan et la Vigne (le « château »), plus le manoir de Lestourduff à Plouider. Le manoir de Kériber est passé, après la mort de Salomon de Kériber au XVe siècle, dans les familles Rannou de Pratmeur en Ploudalmézeau, puis de Sanzay. Il existait également une autre famille importante, les Gouzillon, seigneurs du Hellez et de Kergoniou. A partir du XVIIe siècle, la famille Henry de Kergoff, enrichie dans le commerce (du lin notamment), entre dans la noblesse et s’installe dans le manoir de Kerangoff. Le curé de Guissény, amené à décrire la paroisse à son évêque de Léon en 1774, parle d’une population composée d’environ 500 ménages, parmi lesquels une centaine de mendiants. Les principales causes de la mendicité étaient « la cherté des bleds, le défaut d’ouvrage surtout en hyver, la vieillesse et l’enfance ». Il demande qu’il soit permis aux habitants de la côte de couper, sécher et vendre le goémon « parce qu’ils n’ont pas d’autres ressources pour se procurer leur provision de bois et payer leur petite ferme ».

************************************

La Révolution Française.

Guissény a traversé la période révolutionnaire sans trop de problèmes, mais la création de la commune entraîne la séparation avec son ancienne trève de Saint-Frégant. Le cahier de doléances, rédigé par le corps politique, reprend la plupart des articles du modèle fourni par la Sénéchaussée de Lesneven mais se distingue par deux articles plus particuliers : les doléances contre l’usage obligatoire du moulin banal du seigneur et les taxes sur « le vin et l’eau de vie » qui sont plus élevées pour les paysans que pour les nobles et le clergé.

Guissény est placée dans le canton de Plouguerneau et le district de Lesneven ; Saint-Frégant rejoint le canton de Guicquelleau. En 1791, les limites de la paroisse de Guissény sont définies ainsi : « dans la partie orientale, à prendre depuis le bourg paroissial de Kerlouan et depuis la ligne de démarcation qui dévale du moulin de Lavengat et tout son ancien arrondissement, exceptés les villages et lieux qui ont été enlevés et qui sont réunis pour former la paroisse de Saint-Frégant jusqu’aux villages et lieux qui seront détachés par la formation de la paroisse de Kernilis ; dans la partie occidentale, les anciennes limites, connues, existantes et qui sont la disjonction des paroisses de Guissény et de Plouguerneau ; dans la partie septentrionale, la Manche ». Les problèmes administratifs liés aux nouvelles délimitations des communes et des paroisses se poursuivent jusqu’à la fin de la Révolution. Après le vote de la Constitution Civile du Clergé par les députés, le curé de Guissény Jacques Folly refuse de prêter le serment de fidélité à cette constitution et quitte la paroisse. Les deux vicaires Christophe Riou et Yves Premel-Cabic refusent également le serment mais restent dans la paroisse ; les paroissiens cachent les deux réfractaires, notamment aux manoirs de La Vigne et de Kerespern, et rejettent le curé constitutionnel qui est même agressé par des Guisséniennes en 1795. Après la révolte du Léon de 1793, Guissény est occupée militairement et doit payer une amende : en mars 1793, Guissény a fait partie, avec Plounéventer, Ploudaniel, Plouguerneau et Kerlouan, des communes condamnées à payer une contribution ; soit 7.000 livres de dédommagement pour s’être rebellée contre le gouvernement républicain. Le sacristain Jean Castel est interrogé par le tribunal du district pour savoir s’il a sonné le tocsin pour appeler à la révolte ; il nie tout et est remis en liberté. Le maire François Gac, de Kerespern, et son conseil municipal furent destitués en remplacés par un nouveau conseil, désigné par les autorités révolutionnaires du district de Lesneven. La Révolution cherche à installer les premières écoles en langue française « pour déraciner la funeste habitude d’un idiome esclave, contraire à l’égalité des Français et à l’indivisibilité de la République ». Le premier instituteur nommé par l’administration est Guillaume Roudaut, marchand à Guissény et résidant à Goulven ; puis le citoyen Martin Rolland, ancien notaire de la paroisse.

**************************************

Le XIXe siècle.

La première moitié du XIXe siècle est agitée par un conflit entre Guissény et Plouguerneau au sujet de la possession de la « Sécherie » en bordure de la plage du Vougot. La propriété de ce terrain est importance car il détermine la récolte du goémon qui a une grande importance pour les riverains de cette époque : Guissény en revendique la possession au nom d’un acte de concession de Louis XVI en 1788. Le conflit aboutit à deux procès en 1854 et 1855 qui tranchent en faveur de Guissény. Mais les contestations continuèrent encore dans les années suivantes au sujet des délimitations. Le XIXe siècle est également marqué par un événement important pour la commune de Guissény : la construction de la digue du Curnic-Nodeven. Une première digue est construite, entre la pointe de Beg-ar-Skeiz et la pointe du Dibennou, en 1831-1833, mais elle est détruite par une tempête dès 1833. Une deuxième digue est construite en retrait de la première en 1834-1836 : d’une longueur de 600 mètres, elle a résisté depuis lors aux marées et aux tempêtes.

Petit à petit dans la première moitié du siècle, les écoles publiques se développent, l’école des garçons et l’école des filles. Il devient nécessaire pour le conseil municipal d’envisager la construction d’une maison d’école qui pourra servir également de mairie. Les travaux commencent en 1847 et la réception a lieu le 17 mai 1848, avec des malfaçons qui entraînent un conflit entre le maire et l’entrepreneur jusqu’en 1856. La loi Falloux de 1850 rend possible l’ouverture d’écoles libres : en 1854, le recteur fait appel aux religieuses pour ouvrir une école des filles dans l’ancien presbytère et l’école des garçons est ouverte en 1856 par Goulven Cadiou, l’ancien instituteur communal. Par la suite, les villages de Keriber, puis de Brendaouez demandent à avoir une école de hameau, vu leur éloignement du bourg, mais leurs demandes sont rejetées par le conseil municipal.

******************************************

Le XXe siècle.

La première moitié du XXe siècle a surtout été marquée par les guerres et leurs nombreuses victimes :

  • 107 décès pour la Première Guerre mondiale (1914-1918)
  • 52 décès lors de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), dont 25 marins, 19 soldats, 5 résistants – FFI et 3 civils.
  • 7 décès lors de la guerre d’Indochine.
  • 8 décès lors de la guerre d’Algérie. La seconde moitié du XXe siècle a vu la poursuite du développement du collège technique Skol-an-Aod, l’excellente réputation de sa formation professionnelle attirant des élèves de parfois loin et fournissant de nombreuses recrues pour la Marine Nationale.

Les années 50 sont aussi le début de la transformation du paysage agricole avec la modernisation de l’agriculture, passant par le remembrement, le développement des cultures légumières et la mécanisation. Tout au long du siècle, les progrès techniques ont permis une amélioration progressive des conditions de vie des Guisséniens : le téléphone, l’électricité, l’eau courant, l’automobile,…

L’époque romaine

L’occupation romaine

L’occupation romaine à Guissény

  • L’occupation romaine a laissé moins de trace à Guissény que la Préhistoire mais quelques sites ont, plus particulièrement, montré la réalité de cette occupation :
  • Kernevez (au sommet de la falaise morte qui domine la palue) : fragments de poterie commune, sigillée, de type terra negra ;
  • sur une butte entre Kerleac’h et Kerrigent : de la céramique en surface et des fragments d’amphore ;
  • la plage de La Croix : tessons de poterie, du néolithique au moyen âge.

Deux sites ont été le cadre de fouilles plus importantes : le vivier du Curnic et la villa gallo-romaine de Keradennec, en Saint-Frégant, ancienne trève de la paroisse de Guissény.

  • Le réservoir à poissons du Curnic a été découvert en 1967 : une forte marée a mis à nu quelques tronçons de murs, au pied de la dune, à la limite des hautes eaux. L’établissement entier a été mis au jour en 1968, il n’était pas submergé par la marée dans l’Antiquité. Il se compose d’une salle rectangulaire de 6m x 5,32m, l’intérieur divisé en deux parties par un muretin : un bassin et une zone dallée.

L’ensemble du bâtiment était couvert de tuiles. A partir notamment des monnaies retrouvées sur le site, la ruine de l’édifice peut être estimée entre 270 et 337 ap.J.C. L’hypothèse la plus vraisemblable est qu’il s’agissait d’un vivier, d’un réservoir à poissons et à coquillages.

  • Le site de la villa gallo-romaine de Keradennec est une grande exploitation agricole qui a connu une longue période d’activité, étalée sur les premiers siècles de notre ère. Elle se trouve près de la voie romaine allant de Kérilien en Plounéventer (Vorganium) à Plouguerneau. Ce type de villae devait appartenir à de grands propriétaires fonciers qui, ne résidant pas ordinairement dans leur domaine, le faisaient travailler en partie par des ouvriers agricoles ou de petits fermiers dirigés par un intendant, le reste étant divisé en lots affermés à des paysans libres qui vivaient dans des fermes isolées et payaient des redevances.

La villa à galerie de façade a été radicalement transformée et agrandie au début du IIIe siècle : des pièces d’habitation et une tonnelle, des thermes et des bâtiments agricoles. Le sol était dallé et le bas des murs recouvert de lambris des mêmes matériaux. On a retrouvé aussi des fragments d’enduit peint provenant d’une décoration appliquée sur les murs et les plafonds.

  • Au IVe siècle, les frontières de l’Empire romain sont de plus en plus menacées par les attaques des « Barbares ». Les invasions des pirates sur les côtes de l’Armorique sont signalées dans les vies des Saints, en particulier celle de Saint Guénolé qui présente un épisode en rapport avec Guissény et la croix de Croas-Milhorn : "Le Roy Grallon estant venu à la Couronne par le décès de Conan Meriadec, l’an 338, continua Fragan en son Gouvernement… Un jour saint Guennolé estant, par permission de saint Corentin, allé voir son père, qui estoit pour lors en Léon, certains Pirates Payens, que Fragan avoit chassés de Léon, du temps du feu Roy Conan, revinrent en plus grand nombre, résolus de prendre terre et s’y habituer ; leur flotte ayant paru en Mer, l’allarme se donna à la coste, et Fragan, ayant amassé une petite Armée à la haste, encouragé par saint Guennolé, marche vers le rivage de la Mer pour empescher l’ennemy de descendre, et, estant en la paroisse de Guic-Sezni, près Lanvengat, ils apperçurent la flotte ennemi en rade, si époisse que les mats des Navires sembloient représenter une forêt, ce qu’estant veu par le conducteur de l’avant-garde, s’écria Mel a vel mil Guern, c’est-à-dire je voys mille mats de Navires. En mémoire de quoy, après la bataille, fut dressée en ce lieu une croix, qui encore à présent s’appelle Croas ar mil Guern…".

"Les Pirates, se sentant découverts, se rallièrent dans les tranchées de leur camp, ne voulant donner combat, mais les Bretons les y assaillirent de telle furie, que, les ayant forcés, ils taillèrent la plupart en pièces, excepté quelques uns qui se sauvèrent à la nage vers leurs vaisseaux, desquels plusieurs furent brûlés".

Le Moyen-Age

La motte castrale

La motte castrale de Castel-al-Lez

La motte castrale de Castel al Lez.

La motte castrale, ancêtre du château-fort, se situe à l’extrémité ouest de la commune, en limite avec Plouguerneau.

Ces mottes sont apparues un peu partout en Europe au début du XIe siècle et ont cessé d’être utilisées vers le XIIIe siècle. Leur construction correspond à une période d’insécurité ; les seigneurs locaux ne disposaient que de faibles ressources et ne pouvaient entreprendre des constructions de pierre.

Ils pouvaient utiliser les paysans de leur domaine pour creuser le sol, charrier la terre nécessaire à l’édification de la motte, abattre les arbres et préparer le bois pour la construction de la tour.

Par la suite, les seigneurs les plus importants ont pu remplacer la tour de bois par un donjon de pierre, placer un pavage de pierre sur les flancs du tertre et même rajouter des remparts.

La motte de Castel al Lez s’élève un peu en retrait et au sommet du versant qui domine la Palud du Curnic, à l’extrémité ouest de la commune de Guissény. Elle mesure 64 à 74 mètres de diamètre à la base et est entourée d’un fossé large de 6 à 8 mètres.

En contrebas de la motte, se trouve la « basse cour », les bâtiments d’exploitation agricole et les maisons des paysans, avec parfois une chapelle.

Elle est séparée de la basse cour par le fossé qui entoure le monticule.

La ferme a été implantée à une cinquantaine de mètres au sud-ouest du tertre.

La motte est haute de 6 à 7 mètres par rapport au fond du fossé profond de 3 à 4 mètres.

La plate-forme mesure 30 à 40 mètres de diamètre : elle a un profil en cuvette.

Des pierres y auraient autrefois été récupérées et, selon la tradition, il existait un « tunnel ».

La motte domine la baie du Vougot ; de son sommet, on pouvait surveiller la mer et voir arriver d’éventuelles flottes d’envahisseurs, comme les Normands.

Le site de Kermaro

Un site gaulois à Kermaro

LE SITE ARCHEOLOGIQUE DE KERVARO EN GUISSENY

Description sommaire

Le site de Kervaro est érigé sur une parcelle de plus de 2000 m2 au nord-Ouest du hameau du même nom, dans une légère dépression proche de la courbe de niveau des 50 mètres dominant le palud du Curnic. Limité dans sa partie orientale par un talus bordé d’un fossé intérieur et dans sa partie sud par un muret ancien, le site abrite une ruine faite de grosses pierres ainsi qu’un nombre important d’autres roches affleurantes disséminées sur la parcelle, deux d’entre elles, sur la partie nord, de forme arrondie faisant penser à des meules grossièrement taillées.

Petit historique

Au début des années 50 cet espace était encore très ouvert. C’est ainsi que Bertrand Lagadec le découvrit grâce à son père au cours d’une partie de chasse. Il y revint plus tard avec sa famille et y pratiqua quelques fouilles. Il me convia peu après à me livrer à l’exploration du site.

Laissé à l’abandon pendant de nombreuses années, ce dernier était encore relativement accessible en 1997, à condition d’en connaître le passage pour y pénétrer. Sur mes indications, un ami brestois passionné d’archéologie put ainsi dresser un plan coté de l’habitat existant.

Plan

Sept ans plus tard, soit en 2004, la végétation intrusive composée de prunelliers sauvages, d’aubépines et de ronciers géants avait envahi tout l’espace et rendu la parcelle pratiquement inaccessible. Cependant en compagnie de Bertrand, je réussis à trouver un autre passage et ainsi à nous frayer un chemin, (au coupe-coupe et à la tronçonneuse !) jusqu’à cette ruine qui à nos yeux n’était autre qu’un dolmen sans sa table, sorte de début d’allée couverte datant de l’époque néolithique.

**********************************

1re visite sur le terrain

J’alertai alors Monsieur Le Goffic, Conservateur en chef du service archéologique du Finistère, lequel confirma que ce site n’était pas répertorié et qu’une visite l’intéressait vivement. Rendez-vous fut pris pour octobre 2004.

M. Le Goffic identifia ces pierres non pas comme des vestiges d’une allée couverte mais plutôt comme ceux d’un habitat du Haut Moyen âge, c’est à dire pouvant se situer entre le VIe et le IXe siècle.

C’était à son avis une découverte intéressante car rares sont les vestiges de l’époque médiévale en Bretagne. Il put voir aussi les pierres rondes sans toutefois en identifier l’origine. Néanmoins la communication très intéressante qu’il publia dans le bulletin archéologique du Finistère de l’année 2005 et reproduite ci-après, n’aboutit pas à une conclusion définitive sur l’origine de ce petit bâtiment.

Guissény, Kervaro [Michel Le Goffic - Bulletin archéologique du Finistère (2005)]

"Le hameau de Kervaro, perché sur le haut de la falaise morte, domine d’une cinquantaine de mètres la palud du Curnic. Dans les fourrés de prunelliers et de ronces qui se trouvent à 200 m à l’ouest, en bordure de la rupture de pente, l’attention de notre sociétaire M. Jacques Buttet a été attirée par des structures de pierres qui l’ont intrigué et qu’il nous aimablement fait connaître. La progression à travers les épineux est particulièrement difficile et ne permet pas d’avoir une vision éloignée des accidents de terrain. Néanmoins, nous avons pu reconnaître des talutages formés de pierres dressées et de terre, prenant souvent appui sur des effleurements naturels de roche ou sur des blocs dégagés par l’érosion météorique. Un petit bâtiment, constitué de grosses pierres sur chant, la plus grosse atteignant 2,55 de longueur et dont la hauteur ne dépasse pas le mètre, a une surface interne de 7m2 environ, en forme de trapèze de 2.45 de grande base, 2 m de petite base et 3.05 m de hauteur. Il y a une quarantaine d’années, une fouille partielle a eu lieu dans cette structure et elle a fourni un lot important de tessons de faïence, de grès, de verre, des fragments d’assiettes à marli, de bols, de bassins à glaçure interne, etc., qui témoignent d’une occupation entre le XVIe siècle et le début du XXe siècle. Cependant, plusieurs tessons sont nettement plus anciens et datent de l’âge de fer, période de La Tène. Ce site, qui n’a jamais été labouré, constitue donc une »réserve archéologique » qui ne manquera pas d’intéresser les archéologues du futur. La parcelle la plus intéressante est la n° 9 section A du cadastre de 2005, mais toutes les parcelles circumvoisines font partie de ce site, dont l’épicentre a pour coordonnées Lambert : x =100,550 ; y = 1124,750, à une altitude de 50 m".

2e visite

En octobre 2009 en prévision de la visite sur des sites répertoriés de La Commune, dont celui de Kervaro, une équipe de « Spered Bro » s’est attelée au travail de débroussaillage car en cinq ans tout avait disparu sous la même végétation.

Pour le public guissénien participant à cette visite ce fut une heureuse découverte. Mr Le Goffic confirma sa première analyse, à savoir que l’on était vraisemblablement en présence d’un habitat du Haut Moyen et qu’il serait intéressant de dégager les autres pierres pour mieux appréhender son insertion dans la parcelle.

Des personnes d’un certain âge du hameau de Kervaro ayant emboîté le pas aux visiteurs ont pu apporter un témoignage intéressant : leurs parents racontaient que cet habitat abritait autrefois une famille. Il était alors recouvert d’un toit constitué de branchages lequel fut un jour détruit par un incendie et les choses en restèrent en l’état.

Comme le montrent le texte et le croquis ci-dessous, le site de Kervaro une fois dégagé pourrait révéler d’étranges similitudes avec une implantation datant du Haut Moyen Age.

**********************************

L’Habitat au Haut Moyen Age (6e au 8e siècle) en Bretagne [d’après la maison paysanne en Bretagne, ouvrage de Noël-Yves Tonnerre]

Groupés en enclos, ces habitats se trouvent plutôt en hauteur, abrités par la crête sur de légères pentes sud.

Matérialisés par des murets de pierres généralement curvilignes de 50 à 80 mètres, ces enclos comportent deux ou trois maisons rudimentaires, abritent le bétail et les jardins, les champs se trouvent à l’extérieur, souvent limités par des fossés.

Les maisons, d’environ 7 mètres sur 3 intérieurement, sont rectangulaires. Les murs bas (de 1 à 1.5 mètres) sont constitués de gros blocs de pierre dont les interstices sont comblés de tout venant, Un passage est aménagé en bout.

La couverture est assurée par une charpente faite de branches et couverte de fascines et de chaumes. Il n’y a pas de cheminée.

Vers l’extrémité opposée à l’accès une tranchée transversale sert de séchoir à grain et jouxte le foyer.

Ce type d’habitat est dans la continuité de l’habitat gaulois et a sans doute été occupé, ne serait-ce que comme étable, pendant plusieurs siècles.

Dessin de Michaël Batt du Service Régional d’Archéologie

****************************

Conclusion

La recherche et la découverte d’un site restent chose passionnante. Celui de Kervaro encore dans la mémoire des anciens habitants du hameau mais restée longtemps ignoré des guisséniens, a enfin été répertorié à l’inventaire des sites archéologique du Finistère.

Son origine remonterait à une époque sur laquelle on a peu de renseignement. Dans son incontournable « Histoire de la Bretagne et des Bretons », Joël Cornette écrit : « Après la disparition de Grégoire de Tours en 594, nous perdons notre principal informateur : pour un siècle et demi, les Bretons échappent aux historiens, faute de sources… ».

On pourrait donc situer son origine entre les « règnes » de Judicaël (époque de Dagobert) et de Nominoë (époque de Charles le Chauve).

On pourrait aussi avancer l’hypothèse d’une réoccupation des lieux, lesquels remonteraient à une époque beaucoup plus ancienne, comme l’ont pensé les « découvreurs » du site en présence des grosses pierres fermant la partie nord de l’habitat. Peut-être qu’une fouille complète pourrait-elle apporter une réponse à ce questionnement.

Jacques Buttet

Les pirates

Les Vikings, attaques des pirates sur la côte

Les attaques des pirates sur la côte

Commencées à la fin de l’occupation romaine, les incursions des pirates scandinaves continuèrent au début du Moyen Age. Les Germains continentaux prirent l’habitude d’appeler les Scandinaves « les hommes du nord », donc « Nordman » qui devint Normand. Ce mot, malgré sa forme exotique, fut adopté tel quel par les populations romanes de la Gaule. Puis vint l’appellation de Vikings.

Ces « païens du nord » déclenchent brusquement une vague d’incursions aux alentours de l’an 800 et, pendant près d’un siècle et demi, ils ravagèrent les côtes occidentales. Les guetteurs sur nos côtes fouillaient des yeux la haute mer et tremblaient d’y découvrir les proues des barques ennemies ; et les moines, dans leurs scriptoria, étaient occupés à noter les pillages.

Les rites funéraires permettent de se représenter avec précision une flotte normande : la tombe des chefs était composée d’un navire, caché sous un tertre de terre amoncelée. Les « longues nefs » qui répandirent la terreur en Occident étaient des barques non pontées, par l’assemblage de leur charpente, chefs-d’œuvre d’un peuple de bûcherons, par l’adroite proportion des lignes créations d’un grand peuple de matelots. Elles étaient longues, en général, d’un peu plus de vingt mètres et pouvaient se mouvoir soit à la rame, soit à la voile. Elles portaient chacune, en moyenne, de quarante à soixante hommes (sans doute passablement entassés). Leur rapidité atteignaient, sans peine, une dizaine de nœuds. Le tirage d’eau était faible : à peine plus d’un mètre : un grand avantage lorsqu’il s’agissait, quittant la haute mer, de s’aventurer dans les estuaires, voire remonter les fleuves.

Drakkar

Pour les Normands, les eaux n’étaient qu’une route vers les proies terrestres. Si les voiles et les rames ne suffisaient pas, on avait recours au chemin de halage. Souvent pour ne pas trop charger les nefs, un détachement suivait pas voie de terre. Fallait-il gagner les bords par des fonds trop bas ? Ou se glisser, pour une razzia dans une rivière trop peu profonde ? Les canots sortaient des barques. Ces merveilleux marins ne craignaient nullement la terre, ses chemins et ses combats. Ils n’hésitaient pas à quitter la rivière pour se lancer, au besoin, à la chasse au butin. Les pillages étaient fructueux ; la terreur que, par avance, ils inspiraient ne l’était pas moins.

Le débarquement aurait eu lieu sur la côte de Guissény-Kerlouan et notamment dans l’embouchure du « Roudouhin » (ou Roudoushir, rivière de Guissény) : « Un beau jour une flotte normande déposa sur l’une des grèves du littoral léonais, à quatre ou cinq lieues nord de Lesneven, une armée piratique qui se répandit aussitôt dans la campagne, pillant, brûlant, ravageant ces champs, ces maisons fraîchement relevées, et se dirigeant sur la résidence du comte ».

En 875, Lesneven, alors dépourvue de fortifications, fut prise et détruite : tout le pays fut transformé en désert . En 937, le Comte Neven, qui a reconstruit à Lesneven une belle forteresse en terre à la mode de ce temps, s’opposa à ne nouvelle attaque des Normands.

Le débarquement aurait eu lieu sur la côte de Guissény-Kerlouan et notamment dans l’embouchure du « Roudouhin » (ou Roudoushir, rivière de Guissény) : « Un beau jour une flotte normande déposa sur l’une des grèves du littoral léonais, à quatre ou cinq lieues nord de Lesneven, une armée piratique qui se répandit aussitôt dans la campagne, pillant, brûlant, ravageant ces champs, ces maisons fraîchement relevées, et se dirigeant sur la résidence du comte ».

Ne faut-il pas aussi rapporter à cette campagne d’EVEN le Grand contre les Normands ce que dit « La Vie de saint Guénolé » sur les combats menés par saint FRAGAN, son père, contre les pirate païens : « certains pirates païens que Fragan avait déjà chassés de Léon, revinrent en plus grand nombre, résolus de prendre terre et s’y habituer ; leur flotte ayant paru en mer, l’alarme se donna à la côte et Fragan, ayant amassé une petite armée à la hâte, encouragé par saint Guénolé, marche vers le rivage de la mer pour empêcher l’ennemi de descendre. Étant en la paroisse de Guissény, près de Lanvengat, ils aperçurent la flotte ennemie en rade, si épaisse que les mâts des navires semblaient représenter une forêt : ce qu’étant vu par le conducteur de l’avant-garde, il s’écria « Me a vel mil guern », c’est-à-dire « je vois mille mâts de navires ».

CroasMilhorn

En mémoire de quoi, après la bataille, fut dressée en ce lieu une croix qui, encore à présent, s’appelle « Croas ar mil guern ». Les pirates se sentant découverts, se rallièrent dans les tranchées de leur camp, ne voulant donner combat. Mais les Bretons les assaillirent de telle furie que, les y ayant forcés, ils taillèrent la plupart en pièces, exceptés quelques-uns qui se sauvèrent à la nage vers leurs vaisseaux, desquels plusieurs furent brûlés. Pendant le conflit, saint Guénolé, comme un autre Moïse, priait avec grande ferveur. Après la victoire, il exhorta son père et les chefs de l’armée d’employer le butin pris sur les ennemis pour bâtir un monastère en l’honneur de la Sainte Croix, au même lieu où fut donnée la bataille, qui s’appelait « An Isel-vez » en la paroisse de Plounévez : ce qui fut fait et nommé « Loc-Christ », riche prieuré, à présent presque désert et sécularisé ».

Chapelle de Lochrist

La bataille décisive se produisit dans la vallée de la Flèche où Neven écrasa les pirates (Runeven en Plouider). « Les Pirates, se sentant découverts, se rallièrent dans les tranchées de leur camp, ne voulant donner combat, mais les Bretons les y assaillirent de telle furie, que, les ayant forcés, ils taillèrent la plupart en pièces, excepté quelques uns qui se sauvèrent à la nage vers leurs vaisseaux, desquels plusieurs furent brûlés".

Croix de Runeven

Les Normands prennent la fuite par Kerlouan (d’où ils étaient partis) et ne reviendront jamais. Le site est identifié à Kerlouan par un très vieux chêne qui domine le rivage.

Saint Sezny et la création de la paroisse

Saint Sezny et la création de la paroisse

Saint Sezny et la création de la paroisse.

Saint Sezny, moine irlandais, aurait débarqué dans l’estuaire du Quillimadec en 477 avec son compagnon saint Brévalaire et 70 disciples. Il s’installa d’abord au Lerret (Peniti san Sezni), du côté de Kerlouan, avant de passer sur l’autre rive à kerbrézant, puis sur le site de son église actuelle.

Il y aurait bâti un monastère en un lieu qu’il dénomme Guic-Sezny et vécu en grande sainteté avec ses disciples jusqu’à l’âge de 127 ans. Après sa mort, des Irlandais vinrent enlever son corps pour le ramener dans son évêché d’origine.

Les cloches se mirent à sonner toutes seules pour alerter les Guisséniens qui ne purent récupérer qu’un bras du saint. Celui-ci est conservé dans un reliquaire datant du XVIIIe siècle, l’authenticité de la relique étant certifiée par un parchemin.

La paroisse, fondée par saint Sezny, venu d’Irlande au Ve siècle, est nommée, dans les anciens textes, « Plou-sezny » ou « Guic-sezny », la première appellation désignant toute l’étendue de la paroisse et la deuxième concernant plus directement le bourg :

  • Plebs Sidni (1207),
  • Ploe Sizni (1330),
  • Plebs Sezni (1334),
  • Ploeseny (1467),
  • Plouzesny (15334),
  • Guic-Sezni (1636)…

Les seigneurs barons de Kériber se considéraient comme les fondateurs de la paroisse : un acte de 1670 parle d’une fondation faite par Salomon de Kériber « qui mourut en 1493, 1041 ans après la fondation de l’église paroissiale de Guissény ».

Au XVIIe siècle, on faisait donc remonter la fondation de l’église en 452 alors que « La vie de saint Sezny » d’Albert Le Grand situe l’arrivée du saint dans l’estuaire du Quillimadec en 477.

Les seigneurs barons de Penmarc’h protestaient contre la prétention des seigneurs de Kériber de se dire fondateurs de l’église et affirmaient de leur côté que cette qualité appartenait en fait à la maison de Penmarc’h.

Les cloches de l’église paroissiale sonnent orientées Nord-Sud et non pas Est-Ouest comme ailleurs : cette orientation leur permettait de se faire entendre de Kériber et de Penmarc’h, comme le veut une tradition locale !