Les victimes guisséniennes de la Première Guerre mondiale (1914-1918)

  • Le Monument aux morts de Guissény compte 106 victimes de la Grande Guerre entre les années 1914 et 1919. En fait, l’on y trouve 107 puisqu’un nom a été rajouté à la fin de la liste des victimes de l’année 1917 au bas de la plaque. Il s’agit de Jean-François QUIVIGER, né le 26 novembre 1900 à Keraignan en Guissény, fils de Jacques Quiviger et Françoise Le Roux, maçon. Il est décédé le 24 décembre 1920 à Alexandrette en Turquie dans un conflit qui se place dans le prolongement de la Grande Guerre. A l’effondrement de l’Empire Ottoman après 1918, le Sandjak d’Alexandrette, au sud de la Turquie, forme un territoire contrôlé par un Mandat français et devient autonome, mais la population locale se divise sur l’avenir du territoire. L’armée française, présente en Cilicie depuis janvier 1919, mène une guerre meurtrière contre les forces de Mustapha KEMAL, le nouveau dirigeant turc. Le livre d’or de Guissény ne comporte que 80 noms (les victimes identifiées à cette date). Certains monuments aux morts, comme à Plouider, notent une liste de morts et une liste de disparus.

La loi du 25 octobre 1919 prévoyait dans son article 3 : « L’Etat remettra à chaque commune un livre d’or sur lequel seront inscrits les noms des combattants des armées de terre et de mer, morts pour la France, nés ou résidant dans la commune. Ce livre d’or sera déposé dans une des salles de la mairie et tenu à la disposition des habitants de la commune… » Nous avons pu identifier précisément 98 victimes, originaires de la commune, ou mariés à Guissény, ou résidant à Guissény avant la guerre, et dont le décès est enregistré à l’état-civil de Guissény.

  • Années de décès : . 1914 = 19 victimes (19,4 %) . 1915 = 29 victimes (29,6 %) . 1916 = 23 victimes (23,5 %) . 1917 = 07 victimes (07,1 %) . 1918 = 23 victimes(18,4 %) . 1919 = 02 victimes (02,0 %) [des suites de maladies contractées en service]
  • Age au décès : . 20 ans et moins = 19 victimes (19,6 %) . entre 21 et 24 ans = 33 victimes (34,5 %) . entre 25 et 30 ans = 19 victimes (22,5%) . plus de 30 ans = 27 victimes (24,3 %)
  • Causes de décès : . tués à l’ennemi = 48 victimes (49,0 %) . suites de blessures de guerre = 24 victimes (24,5 %) . maladie contractée au front = 14 victimes (14,3 %) . disparus au combat = 05 victimes (05,1 %) . morts en captivité = 01 victime (01,0 %) . marins morts en mer = 06 victimes (06,1 %) Les principales maladies signalées sont la pneumonie, la congestion pulmonaire, la grippe infectieuse, la tuberculose pulmonaire, la dysenterie aiguë,… Les marins morts en mer = 3 lors de la perte du Bouvet dans les Dardanelles (18 mars 1915), 2 lors de la perte du Casabianca dans la Mer Egée (6 juin 1915) et 1 lors de la perte du Suffren au large du Portugal (24 novembre 1916).
  • Localisation dans la commune : Si l’on tient compte des lieux de naissance, le plus grand nombre de victimes se trouve au bourg (11), à Kerbrézant (7) et au Curnic (5). Une vingtaine de victimes n’est pas originaire de la commune de Guissény mais est venue s’y établir par la suite, notamment après le mariage. Pour l’ensemble des autres victimes, on note les noms de 39 villages guisséniens différents, dont 3 victimes pour Kermaro, Kerléac’h, kerrigent et Keraignan, et une ou deux victimes pour les autres villages.

-  Les régiments d’incorporation : Les soldats guisséniens étaient dispersés dans les différents régiments de l’armée française, surtout dans les Régiments d’Infanterie (RI). Les plus nombreux sont incorporés à Brest dans le 19e Régiment d’Infanterie (12) et dans son prolongement le 219è RI (5).

Plusieurs sont amenés à changer de régiment selon les années et les diverses campagnes qui se sont succédées entre 1914 et 1918. En tenant compte de leur affectation au moment du décès, on trouve ainsi 41 régiments d’infanterie différents, plus 4 régiments d’infanterie coloniale, 1 régiment des Zouaves, 2 régiments d’artillerie, un régiment de chasseurs à pied et un régiment de fusiliers marins. Les marins embarqués étaient au nombre de dix.

  • L’ordre de mobilisation est proclamé et affiché le 1er août 1914 dans toutes les communes, accompagné du tocsin vers 16 heures. Les hommes de 20 à 48 ans rejoignent les centres d’enrôlement à Brest le lendemain 2 août. La plupart d’entre eux embarquent dès le 3 août dans des wagons, parfois des wagons à bestiaux, pour rejoindre les casernements du front. Les Français comme les Allemands imaginent une guerre fulgurante et croient encore aux vertus de la cavalerie et des charges d’infanterie.

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Année 1914 : Joffre, commandant en chef des armées du Nord et de l’Est en 1911, applique le plan XVII, concocté en 1913, qui prévoit une offensive dans les Ardennes et en Lorraine. Mais il est pris de court par l’offensive allemande en Belgique. Mais les Belges résistent de façon inattendue à cette soudaine attaque allemande, même si la ville de Liège tombe le 16 août. La Bataille des Frontières (14-24 août 1914) qui commence en Belgique et en Lorraine, va être très meurtrière. Les combats, à l’ancienne, avec des charges à la baïonnette, en uniforme de couleur, képis et pantalons garance (rouge), se soldent par des pertes très importantes face à un ennemi qui utilise déjà massivement les mitrailleuses. Avec plus de 200.000 morts du côté français, le 22 août 1914 est la journée la plus meurtrière de toute l’Histoire militaire de la France [source Hérodote].

  • Les premières victimes guisséniennes sont tuées ce jour-là : . Gabriel LE ROY du Frout (26 ans) est tué à la bataille de ROSSIGNOL (Belgique) . 4 meurent sur le champ de bataille de MAISSIN (Belgique) : Jean-François LE HIR de Kervizouarn (24 ans), Goulven MAOUT du Rheun (20 ans), Goulven MARHADOUR de Mezbalanec (22 ans) et Yves NORMAND de KERLEAC’H (24 ans). . Jean-Louis LE BORGNE de Nodeven (29 ans) est tué à la bataille de BAPAUME dans le Pas-de-Calais.

Puis c’est la bataille de la Marne (du 6 au 13 septembre 1914) : . Jean-Louis BRETON, de Saint-Gildas (30 ans), trouve la mort, le 7 septembre, lors du siège de Maubeuge (Nord) par les troupes allemandes. . Michel GUISOLPHE, du Bourg (29 ans), est tué à l’ennemi, le 7 septembre, dans les combats de Nanteuil-Le-Haudoin (Oise). . Yves ROPARS, originaire de Loc-Eguiner et marié à Guissény (28 ans), est décédé, le 10 septembre, à l’hôpital auxiliaire n° 2 de Rennes, des suites de blessures de guerre.